De l’Afrique aux Arcs de l’OSM : Angélique Kidjo, passeuse de mondes


Assister à la récente prestation de l’Orchestre symphonique de Montréal fut un véritable voyage sensoriel à travers des mondes à la fois familiers et ancestraux. La soirée s’est ouverte sur l’évocateur The Cunning Little Vixen de Janáček, s’est poursuivie avec le poids spirituel de Ifé: Three Yorùbá Songs de Philip Glass, magnifiquement interprété par l’incomparable Angélique Kidjo, et a culminé avec la beauté terrienne de la Symphonie no 6 de Beethoven. Chaque œuvre du programme ressemblait à un continent en soi. Mais c’est Kidjo—reine du Bénin et icône musicale mondiale—qui nous a transportés au cœur mystique d’Ifé. Sa voix, profonde et résonnante comme des tambours ancestraux, a transformé la partition minimaliste de Glass en un récit vibrant et habité de mythes fondateurs et de divinités sacrées. Ces chants, composés spécialement pour elle et tirés de textes sacrés yorubas, nous rappellent que la symphonie ne se limite pas aux classiques européens, mais peut aussi canaliser l’esprit sonore de l’Afrique.

Mes oreilles s’ouvrent de plus en plus aux traditions vocales africaines. Tout a commencé avec Lubiana, une artiste camerounaise dont la kora envoûtante et la voix spirituelle m’ont littéralement fascinée. J’ai probablement écouté son titre *Farafina Mousso* en boucle à la salle de sport jusqu’à l’obsession. De là, j’ai plongé dans les rythmes riches du Mali avec Oumou Sangaré, les appels hypnotiques d’Hope Masike du Zimbabwe, et la puissance narrative de Kandia Kouyaté et Rokia Traoré. Ces femmes restent fidèles à leurs racines, tissant instruments traditionnels et langues ancestrales dans des arrangements contemporains qui conservent une aura cérémonielle.
Voir Angélique Kidjo porter cette même pulsation ancestrale au cœur de l’OSM était tout simplement bouleversant. C’était comme voir une oracle prendre place devant un orchestre.

J’ai récemment renoué avec l’OSM pendant la Nuit blanche, où j’ai entendu une pièce fascinante de Philip Glass interprétée sur des xylophones en bois. La salle vibrait de jeunesse, de curiosité et de couleurs – un contraste rafraîchissant avec la mer habituelle de mélomanes caucasiens aux cheveux argentés. Ce public éclectique m’a rappelé que la symphonie peut et doit évoluer. Chez Best Kept Montreal, nous avons à cœur de contribuer à cette ouverture, en invitant notre public à vivre ces expériences d’art élevé, loin d’être inaccessibles.

Les collaborations de l’OSM avec des artistes internationaux comme Kidjo annoncent un tournant essentiel : celui d’institutions classiques qui s’ouvrent au monde, et qui, ce faisant, font de la place pour nous toutes et tous. Le même soir, l’OSM a annoncé la mise en place de nouveaux abonnements plus abordables, offrant aux mélomanes à faibles revenus une chance équitable d’accéder à la symphonie, au ballet et à l’opéra — des privilèges longtemps réservés aux élites.
En fouillant les collaborations entre Angélique Kidjo et Philip Glass, je suis tombée sur une perle rare : sa performance électrisante dans la Symphonie no 12 de Glass, Lodger, inspirée par la poésie surréaliste de David Bowie et Brian Eno, présentée en première en 2019.
Avis aux amateurs de symphonie et de Led Zeppelin : Rock Legends Reimagined avec un orchestre de 30 musiciens est fait pour vous.

Directeur de la création et conteur, façonnant des contes enchanteurs et des expériences immersives pour une scène mondiale. Plus de 10 ans de conservation de joyaux cachés et d'escapades de divertissement. Invitez-moi à des choses qui changent la vie comme les restos bien décorés, les road trips et les hautes-arts.